Sur les champs de bataille de l'Est de la France
De retour au front en juillet 1915, le soldat Digo participe aux combats en Champagne, à Verdun, sur la Somme, au Chemin des Dames, à Saint-Mihiel... 1915, 1916, 1917, 1918 : les batailles s'enchaînent, la vie dans les tranchées s'éternise. Dans son journal, Maurice Digo raconte chaque jour les horreurs du front. Au fil des années et des pages, son journal traduit une véritable haine de la guerre qui ne fait que s'accroître chez le jeune soldat.
1915
Samedi 24 juillet
"Départ à 6h le matin. Marche pénible avec 2 jours de vivres. Passage à Xermaménil, Lamath. Traces des batailles de 14 : maisons incendiées, démolies murs crénelés.
A la pause, près de Lamath, en lisière d'un petit bois, un loustic a trouvé une botte allemande avec le pied dedans. Il la passe au voisin, qui, à son tour la fait suivre. Sous les yeux des officiers, elle se balade ainsi d'un bout à l'autre de la colonne provoquant éclats de rire et calembours.
Arrivée à 10 heures à Landécourt. Subsistance du 70e RI.
A 2 heures, rassemblement, rapport. La majeure partie du détachement est affectée à la compagnie du Lieutenant Rouffi.
Le chef de Bataillon, Capitaine Freyller, du 146, passe la revue et dans un laïus où il est fait allusion aux incidents du départ de Castelnaudary, annonce le programme des réjouissances. En dehors des exercices, manoeuvres revues etc, il sera fait chaque jour, même le dimanche une marche d'épreuve de 20 Kilomètres au minimum".
Dimanche 19 septembre
"Réveil à 3 heures, départ à 5 heures. Construction d'un boyau en tunnel sous la route près de Wargemoulin. En creusant dans les banquettes, nous exhumons des cadavres à pantalons rouges dont l'état de putréfaction soulève le cœur.
Ce soir, révolution dans la compagnie. La nourriture de plus en plus réduite est également de plus en plus immangeable".
Mercredi 22 septembre
"Tirés, poussés par les uns et les autres, nous finissons par échouer dans les parages d'une batterie de 90. Les artilleurs en manches de chemise nous avertissent que la danse va commencer, qu'il faut foutre le camp, qu'ils sont assez repérés comme cela, mais on nous a dit d'attendre, nous attendons. A 7 heures, sur toute l'étendue visible, se déclenche le bombardement, d'abord par salves isolées, puis très rapidement, par un tonnerre effrayant, qui se répercute, se multiplie, serre le crâne, comprime l'estomac; met l'organisme en charpie".
Dimanche 17 octobre
"Le supplice des poux devient intolérable. Il n'y a aucune espèce d'organisation pour lutter contre ce fléau. On en tue des centaines et des milliers, des rouges, des gris et des noirs, d'énormes et d'imperceptibles. On s'arrache l'épiderme avec les ongles et cela fait de petites plaies vite infectées, auxquelles adhère le linge crasseux que, faute d'eau on ne peut laver comme il faudrait".
Vendredi 22 octobre
"Le moral est bas.
On boit. Dans ma seule escouade, 30 litres de vin ont été liquidés. Il se fait dans la grange un tintamarre de tous les diables".
Mercredi 3 novembre
"En moins d'une minute, les batteries allemandes déchaînées, prennent sous leur feu tous les ouvrages du secteur, seule la proximité de la première ligne ennemie maintient dans la nôtre un calme relatif.
A 5 heures 15, un mur de fumée noire, extrêmement haut et dense, s'avance lentement vers nous, puis à droite, chez les Coloniaux, de grandes lueurs, au ras du sol annoncent l'attaque des « Flamenwerfer ».
La peur me serre la gorge. Cette muraille noire et fulgurante qui s'avance gagne cependant vers la droite, puis atteint les premières tranchées du Mont Têtu desquelles monte une clameur déchirante.
Ensuite c'est la fusillade générale, le tir fauchant des petits calibres, les barrages de 75 trop courts. A ce moment là, seulement nous savons que le Bataillon est en dehors de l'objectif. Les officiers regagnent leurs abris, seul, le sergent Foucault, reste avec le groupe avancé".
Samedi 27 novembre
"Neige et verglas.
Appelé au P.C. de Compagnie pour la mise à jour des plans du Secteur, je suis ébloui par le confort de l'abri : lits en grillages, banc et table, placards pour le matériel et porte-manteaux pour les vêtements. Enfin, luxe inouï, un poêle sur lequel chauffe une gamelle de chocolat.
Après cette visite, chute verticale dans la tranchée glaciale et sans abri".
Vendredi 31 décembre
"Prises d'armes pour la Division.
Manœuvre, défilé, musique et discours. « … nous avons fait ci... nous avons fait ça... la guerre n'est pas finie... Patrie... Sacrifice... Territoire envahi... Alsace-Lorraine... etc... »
Pas de courrier.
Cafard".
1916
Lundi 28 février
"Arrêt de 6 heures à midi à Gray. Déjeuner dans une auberge crasseuse où je retrouve quelques camarades du 146. A mesure qu'on monte on parle davantage et avec une certaine terreur de VERDUN ; VERDUN est dans toutes les conversations. Chacun se rend à VERDUN".
Lundi 13 mars
"Les sergents-majors établissent la comptabilité des PERTES.
Pour l'ensemble du Régiment : 600 morts, 800 blessés environ.
Le bataillon parti avec 800 hommes n'en compte plus que 300 et l'effectif de ma section qui était de 47 au départ de Bertrichamps est actuellement à 9".
Mercredi 12 avril
"Sur la piste que balaient maintenant en plusieurs endroits les rafales de 88 et de 130, un paquet de cadavres fait obstacle. Quelques secondes seulement d'hésitation, car ce n'est pas le moment de s'arrêter, nous ont permis de reconnaître des hommes sanglés de bidons, sans doute la queue de la corvée de soupe, puis le groupe des brancardiers, brancards et blessés, pêle-mêle.
Quand le tire de contre-batterie est terminé, l'artillerie allemande reprend son pilonnage. Une nouvelle batterie tire des slaves de 6 coups. Tout ce qui reste de verdure est pulvérisé, des trombes de mitraille et de terre s'abattent sur nous, l’écœurante odeur de poudre envahit les trous. La souffrance devient intolérable, la peur paralyse les gestes, quand je me suis lancé le soir à travers la piste, escaladant les cadavres, m'arrachant aux obstacles, je n'ai pu reconnaître aucun repère, seul l'instinct m'a conduit au but.
Il pleut. Le bombardement faiblit. Je pense que, de part et d'autre, il ne reste plus beaucoup de monde à tuer en première ligne".
Mercredi 7 juin
"Pluie. Visite du quartier anglais remarquablement organisé et propre. Chorale écossaise dans le Poste de Police.
Aucune comparaison avec l'Armée française. Toutes les fatigues inutiles leur sont évitées, leur ravitaillement semble formidable car ils mangent toute la journée. Mozet, de la liaison qui parle Anglais me raconte de quelle façon ils préparent leurs «raids» de façon à réduire les pertes au strict minimum.
Moins usés, moins maltraités, plus exigeants que nous, ils font une guerre qui ne ressemble en rien à la nôtre".
Samedi 1er juillet
"Tassés les uns contre les autres pour conserver quelque chaleur sous l'égoutement des clayonnages saturés d'eau de pluie, nous avons attendu le jour impatiemment sans pouvoir dormir. Placés dans l'axe de tir d'une batterie de 75, nous avons dû subir l'incessant martèlement des coups.
Vers 5 heures, le bombardement s'amplifie et l'artillerie allemande qui réagissait avec une certaine vigueur sur la première position, cesse le feu.
H = 6h15
Au moment où les compagnies de tête sautent le parapet, nous sortons dans un brouillard épais et par le boyau Main Avenue, gagnons rapidement nos emplacement de réserve.
Vibration douloureuse du sol, de l'air, de toute une ambiance hostile.
Etonnement d'entendre, par instants des chants d'oiseaux dans les feuillages déchiquetés .
A 7 heures, nous sommes dans la parallèle 2. La première ligne allemande est atteinte. Coups de fusil isolés, grenades, mais ni artillerie ni mitrailleuses.
A 7 heures 30, la compagnie déployée s'aprête à sortir du bois de Maricourt. Debout sur le parapet, je cherche à m'orienter.
Entre la première ligne française et le bois Favières déchiqueté, s'étend un bled bouleversé, désert.
Je demande au Capitaine si nous n'allons pas bientôt partir, il répond que le 156, à notre droite avance difficilement, qu'il faut prévoir une contre attaque et attendre des ordres.
Quelques instants plus tard, une salve de réglage arrive en trombe sur nous, puis le barrage.
Je saute dans le boyau déjà rempli de fumée. De la section de droite s'élève des hurlements. Un groupe pris de panique s'abat sur nous bousculant tout sur son passage, tandis que la gauche cherche une issue pour fuir.
Le Capitaine me crie à l'oreille «Empêche-les de passer». J'étends les bras mais ça devient inutile. A droite, il y a maintenant un monceau de morts. Tout ce qui suit va se passer dans une sorte de brouillard. Je suis immunisé contre la peur et la souffrance. Je n'entends plus aucun bruit, ne réalise plus ni le poids ni le mouvement de mon corps.
[...]
Maintenant, je suis au fond d'une sape, dans une espèce de marécage où grouillent des corps gémissants. Une voix crie «A boire» et «attends-moi».
J'essaie de me souvenir.
L'arrivée du barrage, la section de droite en plein sous le tir, la panique, mon geste inutile pour bloquer le passage, les morts.
Puis un choc violent au crâne, la chûte, l'effort pour me déséquiper, comme Finet et balancer tout : sac, musettes, casque et les papiers, les vivres, les cartes du Capitaine.
Le Capitaine m'a vu. Il m'envoie Gravière avec un pansement. Et maintenant que je suis sorti de là, il faut filer vers l'arrière.
[...]
Des officiers d'artillerie m'arrêtent au passage pour demander des nouvelles de l'attaque. Je les envoie faire foutre.
[...]
Vers midi seulement j'ai pu trouver place dans une voiture d'ambulance anglaise qui, à travers des routes défoncées fait la navette jusqu'à l'ambulance de Morcourt.
A 13h30, un médecin fait les injections anti-tétaniques".
Lundi 3 juillet
"Au petit jour un train sanitaire est garé dans le camp. Je fais partie d'un premier convoi. [...]
Arrivée vers 18 heures à Cayeux-sur-mer. La répartition est laborieuse. Un gros médecin qui tempête prétend qu'il lui reste une trentaine de places et qu'on lui envoie 200 blessés. Affectation au 70/B Temporaire, installé dans un hôtel en bordure de la plage.
Longue attente dans le hall, puis toilette et distribution d'effets. Le chirurgien étant débordé remet au lendemain les opérations dont l'urgence ne semble pas s'imposer. On veut m'envoyer coucher, mais la souffrance est devenue insupportable, l'inflammation de la face, énorme. Je m'allonge sur le parquet, à l'entrée de la salle d'opération, déclarant que j'attendrai.
A minuit, le chirurgien qui vient commencer sa besogne me trouve là, je suis donc le premier à passer sur le billard.
On me prévient qu'il n'y a pas d'anesthésiant, mais je n'en n'ai cure. L'extraction des 3 éclats incrustés dans la face est longue et douloureuse, je me suis un peu agité, mais j'ai tenu le coup sans une plainte.
Enfin, pansé de frais, je me suis allongé avec béatitude dans un bon lit".
Lundi 25 septembre
"Service de jour.
L'anniversaire des combats de Champagne rend la conversation cafardeuse.
On parle aussi de Neuville et de Verdun, mais si rares sont les rescapés de la Somme que ce chapitre nous est épargné.
Le seul antidote se trouvant dans les bouteilles, on verse à pleins quarts si bien que vers la fin du repas le tumulte est indescriptible et qu'on ne s'occupe plus de Madame Couty, laquelle, du reste ne tique pas".
Vendredi 1er décembre
"Sur la profondeur des 8 ou 9 kilomètres, conquis en 5 mois, le nivellement est impressionnant et maintenant que tout à disparu : bois, routes, villages, jusqu'aux tombes les plus récentes, l'offensive elle-même sombre dans cet océan de boue.
J'ai lâché la colonne, je voudrais imprimer dans mon cerveau la vision de ce bled horrible.
Tant de vies, tant de choses stupidement sacrifiées et toute cette désolation qu'on oubliera, qui n'aura servi à rien, ni à personne, pas même à ceux d'entre nous qui sortiront vivants de cet enfer".
1917
Samedi 3 février
"Le terrassement est devenu absolument impossible. Les équipes battent la semelle vainement et la morsure du froid arrache des gémissements aux plus solides gaillards. Il n'y a aucune révolte. On attend simplement l'évacuation, et l'amputation d'un membre gelé, à la veille d'une attaque est considérée comme une chance exceptionnelle".
Lundi 16 avril
"5 heures 58. L’avion envoie une fusée 6 feux verte. L’agitation se propage. On crie de toutes parts : BARRAGE ! ILS DEMANDENT LE BARRAGE.
Bousculé, je m’écroule dans l’ouverture d’un abri sur un officier de crapouillots qui me menace de sa canne et hurle « EN AVANT ».
Un coup de reins me ramène vers le parapet, l’escalade dure une seconde. Dans l’alignement de la première vague, me voici maintenant sur la pente, à toute vitesse.
La brusque découverte du paysage m’épouvante. Le fond de Chivy, noir sous l’averse révèle brutalement un îlot solidement tenu dont les mitrailleuses nerveusement balaient le glacis de Montfaucon.
Par un miraculeux hasard, j’ai pu franchir les deux réseaux sans m’attarder à la recherche des chicanes, mais dans toute cette mortelle ferraille claquent et étincellent les balles et dans l’éclair que dure la traversée, je vois à droite et à gauche des corps accrochés qui n’avancent plus. Je ne pense à rien ni à personne, mais le sentiment de ce suicide écœurant et ridicule me bouleverse (…).
Après quelques secondes d’hésitation, je m’affale dans le premier trou qui se présente, Graux m’y rejoint. Nous creusons (…).
Plaqués au sol, l’émotion calmée, nous commençons par repérer notre situation. Nous avons pu faire environ 200 mètres, dont plus de la moitié, parallèlement à la ligne de départ (…).
Les pertes du Bataillon pour la journée sont :
Troupe 160 tués et blessés
Officiers 7 tués".
Vendredi 27 avril
"Lessive près du camp de prisonniers allemands.
Tout en frottant, je regarde à travers les barbelés, ce troupeau maigre, sale et triste.
Malgré les consignes formelles et les féroces territoriaux qui circulent sans arrêt à l’intérieur du double réseau, j’ai pu leur jeter quelques morceaux de pain et de savon.
Dans l’après-midi, deux cognes hargneux ont ramené Rebos de la 9e qui a déserté ai Chemin des Dames. Ce pauvre bougre, chétif, malingre, quasi-inconscient a été contre tout bon sens maintenu « service armé » malgré trois blessures sérieuses, sa courte taille (1m48) et ses difformités apparentes qu’il faut être médecin militaire pour oser les ignorer.
Tandis que tant de gars bien balancés plastronnent à l’arrière, on jette Rebos dans le réduit infect qu’on appelle « local disciplinaire ». Il passera sans tarder devant un Conseil de guerre qui réclamera pour lui la peine de mort".
Dimanche 20 mai
"Voici 34 jours que, sans trêve ni répit, deux armées luttent pour la possession d’un plateau. C’est Verdun retourné.
34 jours et 34 nuits que fondent sur place les renforts venus de tous les Dépôts de l’arrière.
En ligne, c’est l’alternative perpétuelle : attaque et contre-attaque, la vie et la mort dans la boue, toute amorce d’ouvrage immédiatement détruite, relève des blessés impossible, ravitaillement réduit à sa plus simple expression, transporté sous les barrages au prix de surhumaines souffrances.
Dans les unités décimées s’installe peu à peu le désespoir et des mutineries s’organisent sous l’influence de dégoût, de la révolte, de la faim".
Dimanche 8 juillet
"Messe matinale à Atton. Ramené Chardin qui partage notre déjeuner sur l’herbe , face à la Vallée de la Moselle. Silence et paix.
Tout l’après-midi, à l’ombre des vieilles murailles, nous causons.
Pour la première fois, Chardin se livre sans réticences. Je pense qu’il est enfin parvenu à se libérer du fétichisme patriotique, qu’il a le sentiment du mensonge universel, de la complicité des Églises, de l’hypocrisie de l’arrière, mais il est prêtre et sa raison se heurtera toujours à certaines limites. Qu’importe puisque nous faisons échange d’amitié, et que dans les circonstances présentes nous ne pouvons l’un et l’autre que tenir le coup, affirmant en toutes occasions notre volonté formelle de ne pas TUER.
Les heures passent. La splendeur du paysage accuse violemment notre misère, le tragique et l’odieux de notre vie. Réconfortés cependant, nous nous séparons ce soir sans cafard, portant chacun plus allégrement notre fardeau".
Mercredi 11 juillet
"Descente clandestine à Pont-à-Mousson très démoli. Les Civils, d’ailleurs assez rares circulent paisiblement à travers les ruines, utilisant les angles morts, camouflages et murailles de sacs à terre.
Les allemands ne tolèrent le passage, de jour, sur le pont qu’à une seule personne à la fois. Une affiche de l’État-major français renseigne, du reste les non initiés.
La place Duroc, entièrement déserte sur toute sa surface, offre dans les arcades de ses jolies maisons, qui, du reste ont peu souffert, une circulation abritée.
Dans le demi-jour que laissent filtrer les murailles de sacs à terre, indigène et soldats font leurs achats en des boutiques avenantes et bien ravitaillées.
J’apprends cependant que les conversations y sont surveillées et qu’il est dangereux de s’y aventurer sans perm.
Retour sans incidents".
Jeudi 2 août
"Resté en ligne toute la journée avec le 156.
Cafard. J’ai une envie folle de déserter".
Mardi 28 août
"Reconnaissance d’officiers américains : 2 Colonels, 3 Capitaines.
Ils ont été reçus assez froidement. Sans doute, l’allure bonnasse de ces gras gaillards mieux entraînés au commerce des munitions qu’à leur emploi, déplaît-elle à nos sémillants galonnés.
Après les avoir pilotés à vive allure dans les principaux ouvrages du secteur, on ne les a ni reconduits, ni abreuvés. Leur passage déchaîne l’hilarité. On s’interpelle d’un abri à l’autre « As-tu vu les marchands de bœufs ? »
Ce soir, logés dans un des plus mauvais abris d’Héminville, sans bagages et sans Ordonnances, ils vont, quémandant de l’eau et du pain, un peu irrités, déjà déçus".
Mardi 11 septembre
"Brouillard. La vallée et la Plaine sont invisibles. Seuls, le Signal, Mousson, Sainte Geneviève émergent dans le soleil, comme des îles.
Plus tard, le vent créé dans cette mer laiteuse des courants et des remous. De lentes vagues cotonneuses déferlent au flanc des pics, s’y déchirent, accrochent aux arbres de soyeuses traînées qui s’effilochent et fondent. Le soleil, enfin inonde la plaine et fait scintiller la Moselle.
Magnifique spectacle".
Maurice Digo en décembre 1917 (12Z94)