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L'attente de la mobilisation à Nantes

La mobilisation générale est décrétée le 1er août 1914, le jour du mariage de Maurice Digo. Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Maurice Digo appartient à la classe 1908. Exempté en 1913 pour "faiblesse irrémédiable", il est finalement reconnu apte au combat et mobilisé en octobre 1914. Il quitte alors Nantes le 30 octobre, pour rejoindre le dépôt du 146e régiment d'infanterie près de Carcassonne.


Août 1914

1er août

« Samedi 1er août
Mariage à Saint-Donatien
À 3 heures, côte Saint-Sébastien, tocsin annonçant la mobilisation.
M. Coutan et M. Blanchard qui sont allés aux nouvelles reviennent pour prendre congé. C’est la guerre !
[...]
À 3 heures 30, le père revient avec une voiture qu’il a eut bien du mal à trouver. Je prends place avec Delphine, sa mère et Madame Brunelière.
Voyage mouvementé. Le cocher ivre a failli nous verser en Loire. Nous traversons une ville en effervescence.

Lâché la voiture chez Madame Brunelière. Rentré à pied. Nous sommes ridicules et gênés de nos costumes de mariage. Les gens nous regardent avec pitié, mais s'ils savaient que je ne pars pas, ils nous regarderaient avec mépris ».

2 au 4 août

« De la ville, de la campagne, chaque jour des foules d’hommes atteints par l’ordre de mobilisation se mettent en route. Des masses humaines affluent vers les casernes.
Les bruyantes réquisitions ont fait de la vie citadine une foire permanente. Les trains voyageurs et commerciaux considérablement raréfiés laissent la voie libre à un intense trafic de troupes, convois de matériel, ravitaillement.
Des chants, des cris accompagnent le départ des détachements. Fleurs au canon des fusils, branchages verts aux portières des voitures. On crie "À Berlin !", on l’écrit sur les trains et sur les murs des gares
».


Fin septembre 1914

« Trains de blessés.
On ne semble pas s’étonner qu’il y en ait tant. Secrètement je m’en effraie.
J’ai tenté, à maintes reprises de les approcher, mais on les entoure d’une garde sévère. Il est vrai que ces pauvres bougres ont besoin de ménagement. Les personnes qui ont pu leur parler n’ont du reste rien appris. On dit qu’il leur est interdit sous les peines les plus graves de donner le moindre détail sur ce qu’ils ont vu et fait.
Dans notre entourage, il y a déjà de nombreux morts et blessés. On voudrait savoir ce qui se passe
[...]
Les anciens élèves de Saint-Clément, l’École des Beaux-Arts donnent un à un le nom des camarades tués ou blessés ».


Octobre 1914

5 octobre

« Conseil de révision à la Mairie. Je vais partir. Je suis délivré de l’incertitude ».

Mercredi 28 octobre

« Albert Barbier apporte avec un jour d’avance ma feuille de route recherchée dès l’arrivée du courrier.
Je dois rejoindre à Carcassonne le dépôt du 146e d’infanterie
».

Vendredi 30 octobre

« Départ à minuit gare d'Orléans.
Le père et maman ont pleuré.
Delphine n'a pas pleuré devant moi, mais... après... ? Le train arrive au crépuscule avec un retard d'environ 2 heures.
Malgré le déchirement que produit en moi ce départ, je me sens suffisamment de courage pour envisager l'avenir
».

Samedi 31 octobre

« Voyage rapide et confortable [...]
Arrêt de quelques heures à Bordeaux. La présence du Gouvernement s’y révèle par une grande agitation et la présence d’une police importante.
Le train arrive au crépuscule avec un retard d'environ 2 heures.
J’apprends à la gare que le dépôt du 146 n’est pas à Carcassonne mais dans les villages environnants
».