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Le rapport des femmes au pouvoir politique

Trois exemples, rares en leur temps, de femmes qui se sont affirmées dans les sphères du pouvoir politique.

Françoise de Dinan

En son temps, Françoise de Dinan (1436-1499) est la plus riche héritière de Bretagne. En 1444, à l’âge de huit ans, elle hérite de la fortune de son père, Jacques de Dinan, chambellan de Bretagne, et celle de son oncle, Bertrand de Dinan, maréchal de Bretagne. Courtisée par de nombreux prétendants, elle est enlevée par Gilles de Bretagne, le troisième fils du duc de Bretagne Jean V, et leur mariage est célébré en 1444. À la mort de son époux, elle se remarie avec Guy XIV de Laval, puis avec Jean de Proisy, baron de La Bove.

Françoise de Dinan s'oppose un temps à la politique du duc de Bretagne François II aux côtés de nobles bretons, mais se rallie à lui lorsque l'armée royale française tente de profiter de la querelle pour attaquer la Bretagne. À la mort du duc en 1488, elle devient gouvernante de ses filles, la jeune duchesse Anne, alors âgée de onze ans, et sa sœur Isabeau.

Les Archives de Nantes conservent un parchemin scellé du sceau de Françoise de Dinan, « comtesse de Laval, dame de Châteaubriant, de Vitré, de Montfort et de Bécherel », en date du 31 mai 1494 (DD15/4). Il s’agit de l’acte par lequel elle fait donation de la maison de Derval et de la terre et seigneurie des Dervallières et de Grilleau, à Jean-François de Cardonne, général des finances de Bretagne, « en récompense et rémunération des grands, honorables et agréables plaisirs et services » que celui-ci lui avait fait « en ses grands et nécessaires affaires ». La valeur de ces biens est alors estimée à 1000 écus.

Cet hôtel de Derval sera ensuite acquis par la Ville de Nantes en 1578, pour y installer son hôtel de ville – les réunions du Conseil des bourgeois se tenaient jusqu’alors dans un immeuble situé place du Bouffay.

Anne de Bretagne

Anne (1477-1514), duchesse de Bretagne, devient reine de France en épousant Charles VIII en 1491. Leur contrat de mariage prépare l’union définitive de la Bretagne à la France. Les deux époux s’étant fait la donation mutuelle de leurs droits sur le duché, le roi peut ainsi en contrôler l’administration. À la mort soudaine de Charles VIII le 7 avril 1498, Anne redevient pleinement duchesse. En quelques mois, elle réaffirme sa souveraineté sur la Bretagne et restaure son administration.

Le 22 novembre 1498, Anne de Bretagne confirme, par lettres patentes, les privilèges accordés à la ville de Nantes par ses prédécesseurs : le droit de méage (octroi), le denier pour livre, le droit de billot ou d’appétissement des vins, le droit de pavage, destinés à la réparation et aux fortifications ainsi qu’à l’entretien des ponts et du pavement de la ville. Ces lettres patentes, scellées du sceau de la duchesse, font partie des fonds déposés aux Archives de Nantes. 

Pour garder son autorité sur la Bretagne, elle négocie son mariage avec le nouveau roi de France, Louis XII, en 1499. Elle obtient de conserver ses prérogatives et fait accepter, qu’après sa mort, le duché revienne à son fils cadet, afin de garantir la perpétuation d’une Bretagne autonome. Elle n’aura toutefois pas de fils, et le mariage de sa fille Claude avec le roi François Ier scelle l’union définitive de la France à la Bretagne.

Anne-Marie Turbaux

Tout d’abord institutrice publique, Anne-Marie Turbaux (1913-1992) devient adjointe chargée du logement et de l'assistance dans la délégation municipale provisoire de 1944-1945. En 1945, alors que les femmes viennent d'obtenir le droit de vote et l'éligibilité, elle est la seule adjointe de la municipalité de Jean Philippot, qui compte cinq autres femmes. Elle a comme délégation les questions relatives à l'hygiène et à la petite enfance. Elle poursuit ensuite sa carrière dans l’enseignement en dirigeant le centre d’apprentissage du Launay devenu lycée de la Bottière. Cette figure nantaise illustre l’implication grandissante des femmes dans la vie politique à partir de 1945.