1983 : deux siècles après la première ascension
Même si l’aérostation ne connaît plus aujourd’hui le même engouement qu’à sa création, elle suscite toujours une certaine curiosité. En 1983, année du bicentenaire du premier vol humain, Nantes organise une grande fête aérostatique afin de célébrer cette invention révolutionnaire. Ainsi, du 27 août au 4 septembre, la ville accueille les 6e championnats du monde de montgolfières. Le COMBAC (Comité d’Organisation du mondial du ballon à air chaud) est chargé d’en gérer toute l’organisation.
C’est le parc du château la Pervenchère, propriété de la ville située à Casson, qui est choisi pour accueillir cette manifestation sportive. Ce site dispose d’un espace suffisant vaste pour déployer toutes les montgolfières, sans aucun risque pour les aéronautes et le public. 85 concurrents, venant de 22 nations différentes, répondent présents. Seuls les États-Unis refusent de participer à la course car ils jugent le site défavorable à cause de ses multiples haies.
Aux dires du journal Ouest-France, une montgolfière coûte 80 000 francs en cette fin du 20e siècle. Ce coût élevé explique que l’aérostation ne se soit pas démocratisée, malgré les innovations techniques. Les aéronautes pratiquent ce sport en amateur, raison pour laquelle ils ont très souvent besoin d’un sponsoring. Or, sur les 71 montgolfières présentes à la Pervenchère, seul un tiers a eu ce privilège.
Les épreuves aérostatiques sont toujours choisies au jour le jour par le directeur des vols, Jean Lemarchand, qui élabore le programme en fonction des conditions météorologiques. Parmi les différentes épreuves, il y a notamment celle du « but » : les aéronautes doivent réussir à lancer un « marqueur » le plus près possible de la cible à atteindre. Cette épreuve demande aux aéronautes de faire preuve d’adresse, pour réussir à placer le plus précisément possible leur « marqueur » qui n’est rien d’autre qu’un petit sac de sable coloré pesant environ 100 grammes. Afin de les différencier et pour qu’aucune confusion ne soit possible, chaque marqueur est agrémenté d’une banderole de couleur d’un mètre de long, portant le nom et le numéro du pilote; de même, la cible choisie est marquée par une croix en tissu phosphorescent.
L’épreuve appelée « le coude » demande aux aéronautes de réaliser la plus grande altération de cap possible tout en larguant tous leurs « marqueurs » dans un ordre déterminé. Celui qui réalise la plus grande altération de cap gagne, en sachant que 180° est le meilleur score à atteindre.
Ces épreuves se déroulent entre 7 h et 10 h le matin, puis de 18 h à 20 h du soir. Ces heures ne sont pas choisies au hasard : l’air chaud pèse en effet beaucoup moins lourd que l’air frais. Une montgolfière étant un ballon se dirigeant grâce à l’air chaud contenu dans son enveloppe, en choisissant les périodes de la journée les plus fraîches, la différence entre l’air contenu dans le ballon et l’air environnant sera plus important et permettra à l’aérostat de voler plus facilement. Par contre, les ballons à air chaud sont tributaires des conditions atmosphériques qui peuvent rendre dangereuses leur utilisation. Si la montgolfière est prise dans des courants d’air chaud, le pilote en perd alors tout contrôle et se trouve entraîné malgré lui dans une ascension dont il ne peut maîtriser la vitesse.
Hors du cadre compétitif, plusieurs montgolfières sont exposées dans le parc de la Pervenchère. Ce sont de véritables attractions à elles seules. C’est le cas de l’Australien Bob Purvis et son ballon baptisé « Poulet rôti » en écho au coq dessiné sur l’enveloppe de l’aérostat, qui fait allusion à la marque de son sponsor. Un autre ballon, installé sur la pelouse du château, marque les esprits par sa forme atypique : il a en effet l’apparence d’une bouteille de bière ! Ce ballon est était l’œuvre d’une grande firme danoise, dont l’imagination avait été jusqu’à faire sauter la capsule de la bouteille lorsque l’air de l’aérostat était trop chaud.
Des numéros festifs et impressionnants sont organisés le week-end, afin d’inciter le plus grand nombre de spectateurs à assister au championnat. Baptêmes de l’air en hélicoptère, démonstration d’ULM, numéros de voltige, largage de parachutistes… C’est un succès : le premier week-end de festivités accueille 35 000 personnes, venues de toute la région. Le week-end de clôture n’est pas en reste : 50 000 visiteurs viennent admirer l’envol final de toutes les montgolfières présentés à Casson.
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