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Revue de presse des inondations au Gué-Robert

Jeudi 18 février

Le Phare de la Loire : Sur le boulevard Sébastopol, l’eau arrive maintenant presque jusqu’à la rue de Coulmiers. C’est ensuite une nappe d’eau ininterrompue dans la rue de la Liberté, qui mène à l’usine de tramways, dans la rue Voltaire, dans le boulevard de Doulon qui fait suite à la rue de la Liberté, jusqu’au boulevard de ceinture, pour reprendre ensuite dans le chemin de la Collinière. Sous le pont de la Moutonnerie, pont du chemin de fer situé à l’extrémité à droite du boulevard Sébastopol, il y a plus de deux mètres d’eau.

Des bateaux transportent les habitants le long des maisons, des appontements sont élevés pour les passants et les locataires des maisons inondées ; ils sont prolongés jusque dans les couloirs, qui sont envahis. Tous les commerçants sont dans la désolation, d’autant plus qu’on leur fait prévoir une aggravation de la crue pour demain et vendredi. Les tramways ne vont plus jusqu’à Doulon depuis ce matin ; ils s’arrêtent à la rue de Coulmiers puis retournent en arrière. L’usine est inondée. Le bureau de l’octroi est également envahi. Les employés travaillent juchés sur des tréteaux. Un agent, boulevard Sébastopol, et les gendarmes sur le boulevard de la Liberté, assurent le service d’ordre.

Le Populaire : À Doulon, le spectacle est lamentable. Les tramways ne vont plus maintenant que jusqu’au n°6 du boulevard Sébastopol. À partir de cet endroit sont installés des appontements qui prolongent sur toute la longueur du boulevard de Doulon. Tous les magasins sont fermés et les habitants du rez-de-chaussée ont dû déménager ce qu’ils avaient de plus précieux. Le bureau de l’octroi du Gué-Robert est rempli d’eau jusqu’à moitié de sa hauteur. En face, à l’angle du boulevard, les maisons neuves sont entourées par l’eau de tous côtés. Une équipe d’ouvriers étaye en ce moment le pont de la Moutonnerie sur lequel passe le chemin de fer.


Vendredi 19 février

Le Phare de la Loire : Les bas quartiers de Doulon sont certainement ceux qui sont les plus éprouvés par les inondations. L’eau gagne toujours du terrain boulevard Sébastopol ; le niveau s’est, depuis hier, sensiblement élevé boulevard de Doulon. C’est ainsi qu’à l’angle formé par ce boulevard et la rue des Chalâtres, on a dû prendre de nouvelles mesures pour assurer la circulation. Dès ce matin, M. Millet, maire de Doulon, et les gendarmes ont fait installer des appontements jusque dans la rue des Chalâtres.

Boulevard de la Collinière, la nappe d’eau, dans la partie la plus basse, atteint aujourd’hui 1 m. 50. On peut dire, pour donner une idée de l’importance de l’inondation à Doulon, que depuis la rue de Coulmiers jusqu’au boulevard extérieur, l’eau a tout envahi. Dans les jardins, on n’aperçoit que le faite des murs et la cimes des arbres. L’avenue du Dahomey, qui conduit à la caserne du train des équipages, est submergée sur la moitié de sa longueur. L’entrée du parc à fourrages est également inondée. Les employés d’octroi de service boulevard de la Collinière ont dû abandonner leur poste et se tenir rue des Chalâtres. Le dépôt de la Compagnie des tramways est envahi par les eaux.

Ce matin, le coup d’œil que présentaient les bas quartiers de Doulon était aussi pittoresque qu’attristant. Nombre de photographes avaient affrété des péniches, des toues et prenaient force clichés. L’animation produite par le va-et-vient de toutes ces embarcations était des plus curieuses et les promeneurs s’en amusaient.

Malheureusement, l’inondation a déjà causé d’importants dégâts et les rez-de-chaussée des maisons des boulevards Sébastopol et de Doulon ont été endommagés et détériorés. Les petits commerçants des quartiers inondés subissent actuellement un gros préjudice. Sans parler des marchandises et des denrées perdues, ils manquent la vente depuis plusieurs jours. Ils ont dû fermer boutique, l’accès, malgré toutes les mesures prises, étant devenu très difficile et leurs magasins étant envahis d’eau.

Les tramways partant de la gare d’Orléans conduisent les voyageurs jusqu’aux quartiers inondés, c’est-à-dire à l’angle de la rue de Coulmiers et du boulevard. Ils reviennent ensuite à la station de Doulon en faisant machine en arrière.

Ainsi qu’on le verra d’autre part, le maximum de crue ne sera atteint que demain. Nous ne saurions donc trop engager les habitants des quartiers menacés à prendre leurs dispositions pour souffrir le moins possible de l’inondation.

Le Populaire : À Doulon, la nappe envahissante s’est avancée encore de 50 mètres vers Nantes. Les appontements sont maintenant dans l’eau. Des bateaux font le service.

Si nous avons constaté avec satisfaction que notre réclamation avait été entendue à Nantes où des garde-corps ont été placés aux appontements dont le passage est le plus périlleux, nous avons le regret de constater qu’il n’en est pas de même à Doulon. On attend sans doute quelque grave accident.

La rue Voltaire, qui aboutit au Gué-Robert, est couverte sur presque toute sa longueur. Toutes les ruelles aboutissant à la rue de Cornulier et parallèles au boulevard sont envahies. Rue d’Allonville, l’inondation commence à paraître ; rue du Dahomey, l’eau, qui couvre la prairie voisine, s’étend également sur toute la largeur de la chaussée. Des bateaux font le service.


Samedi 20 février

Le Phare de la Loire : Dans les rues inondées, le niveau des eaux est sensiblement le même qu’hier excepté toutefois le boulevard Sébastopol, où l’eau a gagné plusieurs mètres de la chaussée. De nouvelles rues ont été envahies. L’eau a monté rue Voltaire, au Gué-Robert, boulevard de la lIberté, boulevard de Doulon. Au carrefour du boulevard de la liberté et de la rue de Toutes-Aides, les voitures passent dans l’eau. Des bateaux circulent continuellement sur le boulevard Sébastopol et le boulevard de la liberté. Le boulevard de Doulon et le chemin de la Collinière sont couverts.

Le Populaire : Nous avons dit hier quel spectacle de désolation présente maintenant le quartier de Doulon. C’est pour tous les petits commerçants du boulevard un véritable cataclysme. Les maisons commencent à se détériorer sous l’effort incessant des flots. Souhaitons qu’aucun accident grave ne se produise.


Dimanche 21 février

Le Phare de la Loire : À Doulon, comme partout, la situation s’aggrave sur tous les points que nous avons signalés ces jours derniers. Ce matin, une maraîchère de Sainte-Luce, Mme Piot, portant un lourd panier de légumes, ayant glissé en voulant monter dans une barque près de l’octroi du boulevard Sébastopol, est tombée à l’eau avec son chargement qui est presque entièrement perdu et s’est fait, de plus, une forte écorchure au genou droit. Ce matin, également, un mur d’une hauteur de près de 2 mètres s’effondrait rue de la Ville-en-Pierre sur une longueur d’environ 3 mètres 50 ; heureusement personne ne se trouvait là à ce moment.

Le Populaire : À Doulon, le boulevard est maintenant envahi, du côté de Nantes, jusqu’à la rue de Coulmiers ; l’eau atteint le tablier du pont de la Moutonnerie. Les appontements ont du être surélevés.


Mardi 23 février

Le Populaire : L’inondation diminue à vue d’œil dans certains quartiers et on peut espérer que demain ou après-demain ne seront plus couverts que le boulevard de la Liberté et la rue Voltaire, à Doulon ; le cours Douard et la rue Kervégan, à Nantes.


Mercredi 24 février

Le Phare de la Loire : La situation à Nantes et dans la région s’améliore sensiblement. Les eaux baissent assez rapidement et les prévisions d’amont sont des plus optimistes.

Le Populaire : À Doulon, on a ouvert les vannes du Gué-Robert et l’eau a diminué de cinquante centimètres au moins. Les tramways espèrent pouvoir reprendre leur service, dans ce quartier, après demain au plus tard s’il ne survient aucune complication.


Dimanche 28 février

Le Populaire : À Doulon, les eaux se sont retirées complètement et la chaussée du boulevard de Doulon est désormais accessible au public.

Une délégation des habitants est venue nous trouver cet après-midi pour nous signaler le dévouement du directeur de la Compagnie des Tramways qui, pendant toute l’inondation, n’a pas cessé de se montrer extrêmement obligeant pour tous. Il a fait établir de très nombreux appontements, dirigeant les travaux, donnant des indications et même des ordres pour que chacun trouvât un petit soulagement au malheur qui accablait la contrée. C’est plein de reconnaissance que les habitants du boulevard de Doulon adressent leurs félicitations et leurs remerciements à M. Goullin, directeur de la Compagnie des Tramways.

Le Phare de la Loire : Le maire de Doulon fait les recommandations suivantes pour éviter les épidémies à la suite des inondations :
1° Dans toutes les parties qui ont été submergées, il est nécessaire de ne faire usage des eaux des puits qu’après leur avoir rendu leur pureté et avoir fait disparaître de leur surface les dépôts de matières putrescibles.
2° Les propriétaires des immeubles sont invités à faire vider immédiatement les cuves des fosses d’aisance, ainsi que les puits.
3° Il appartient aux locataires de nettoyer complètement les locaux mis à leur disposition, et aux propriétaires de faire le nécessaire pour les cours, allées, ruelles, etc.
4° Les habitants qui se servent de l’eau puisée aux bornes-fontaines sont invités à faire bouillir cette eau avant de s’en servir, jusqu’à ce que la Loire soit revenue à son niveau normal.
5° Tous les logements, cave, etc., qui ont été submergés, devront être désinfectés, immédiatement, après que l’eau se soit retirée. Des désinfectants seront mis à la disposition des personnes qui n’auraient pas les moyens d’en acheter ; elles pourraient s’adresser à la mairie.

Le nettoiement des voies publiques devant être opéré par la municipalité, il est indispensable que les habitants veuillent bien seconder son action, pour faire disparaître tous les immondices, qui peuvent occasion des maladies épidémiques et le maire compte sur leur bon vouloir.