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Du coffre aux armoires (XVe-XVIe siècles)

Préserver les documents pour asseoir les privilèges de la ville

La trace la plus ancienne de la préoccupation de l'administration civile de la ville de Nantes pour ses archives est la mention, dans les comptes de 1436 du miseur du conseil des bourgeois, de l'achat de trois clefs pour le coffre renfermant les lettres et comptes de la ville. Constitué sous Jean V, par lettres ducales de 1410, renouvelées en 1420, le conseil des bourgeois s'est donc inquiété très tôt de la bonne conservation de ses archives. Tout au long des XVe et XVIe siècles, celui-ci, puis la mairie, créée en 1560 par lettres patentes de François II, s'efforcent de protéger ces documents permettant avant tout d'asseoir les droits de la communauté vis-à-vis du pouvoir royal.

En 1466, sont acquis un coffre carré garni de fer blanc et des étuis du même métal pour abriter les sceaux. On note ensuite l'achat de deux armoires, d'une malle de cuir noir, puis en 1574, la confection de deux nouvelles armoires volumineuses, alors qu'en 1568, le coffre est doté de trois clefs conservées par le maire et deux personnes de confiance. D'autre part, les documents les plus importants font l'objet de copies pour les préserver et les communiquer en cas de nécessité administrative.

Comptes des miseurs, 1465-1468 (CC94)

Comptes des miseurs, 1465-1468 (CC94)

Transcription : « Pierre Lebel, Pierre Bernart et Guillaume Fagot, 68s 9d, à Guillaume le Clerc, gaisnier, pour ung coffret carré, garny de fer blanc, a mettre les lettres des previlleges de la ville, 30 sous ; à Henry Lucas, claveurier, pour deux coupplez ung crampon, 5 sous ; à Pierre Quiolle, pour deux crapaux à fermer ledit coffret, 10 sous ; à Guillaume Renaut, pour trois rouartées de boais qu'il bailla durant qu'on fut à faire la visée des comptes de la ville, 15 sous ».

Ainsi, en 1460, le compte du miseur fait état, pour la première fois, de la confection du Livre des privilèges. À cette occasion, le procureur syndic de la ville est chargé de rechercher des documents qui n'ont pas été rapportés dans les coffres. Un autre cartulaire est mentionné dans le procès-verbal de la vérification des privilèges de la ville dressé en 1603 par le conseiller du roi en sa cour du Parlement. Seule une copie de ce cartulaire reste conservée actuellement aux Archives départementales de Loire-Atlantique.

Malgré tout, les archives font fréquemment l'objet de dégradations, de dispersions et de pertes. À maintes reprises la municipalité est contrainte d'intervenir pour faire réintégrer des documents. Ainsi, en 1517, un monitoire est pris contre les détenteurs de papiers et lettres de la ville, et en 1566 la mairie demande à l'ancien procureur des bourgeois et à l'ancien maire de rapporter des lettres. De plus, différents documents sont détenus par des particuliers pour des commodités administratives et les archives sont l'objet de déménagements pour vérification ou pour être réinstallées. Une destruction volontaire par les notables nantais nous prive également aujourd'hui de certains documents : à la venue d'Henri IV, en mars 1598, pour signer "l'édit de Nantes", la ville ligueuse brûle pièces et registres compromettants de cette période, notamment les registres de délibérations des années 1584-1586 et 1590-1596.