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Des efforts d'organisation (1615-1729)

Deux maires préoccupés des archives, Jacques Frémon du Bouffay et Gérard Mellier

Transférées dans l'hôtel de Derval, acquis en 1578, la mairie actuelle, après avoir été conservées dans la maison de ville, place du Change, les archives n'y sont pas pour autant à l'abri d'un désordre récurrent. Des efforts d'organisation se succèdent à partir de 1615. Le 9 juillet de cette année, le bureau de la municipalité décide d'exécuter l'inventaire des titres de la ville. Suite à sa rédaction, Guillaume Guillocheau, déjà contrôleur, est nommé garde des archives de la ville, le 2 juillet 1617. C'est la première fois que la mairie charge spécifiquement une personne de cette fonction. Il détient l'une des trois clefs des archives avec le maire et le procureur syndic, et est responsable de la conservation et des prêts des documents. La charge de garde des chartes est supprimée par le bureau en 1691. Cette mission peu rémunérée (30 livres par an alors que le concierge de la ville en gagne 90) ne semble pas motiver beaucoup ces titulaires, comme le montre les témoignages répétés sur l'état déplorable du dépôt et le renouvellement des intentions de classement.

Toutefois certaines intentions se réalisent. Jacques Frémon du Bouffay, maire de 1679 à 1682, consacre les deux dernières années de sa fonction à l'élaboration d'un inventaire pour lequel les archives sont rangées dans vingt sacs. Ce manuscrit nous est parvenu sous la forme d'un grand volume in-folio de 149 feuillets dont la préface est un sonnet écrit par Le Noble qui commence ainsi : "Frémon, sans tes travaux, sans tes soins assidus, Qui te rendront fameux à nos races futures, Nantes verroit encor ses archives obscures Entasser de nos droits les titres confondus".

 

 

À partir de 1691, c'est le secrétaire-greffier qui, en plus de sa charge ordinaire, reçoit une partie des fonctions du contrôleur dont celle de garde des chartes. Ainsi Mathurin Lecourbe, ancien notaire royal, exerce cette fonction jusqu'en 1709. René Préau, garde des archives de la Chambre des Comptes, lui succède. Cependant, la situation des archives reste précaire, la conservation des documents est aléatoire. À plusieurs reprises, le bureau doit se rendre chez les héritiers d'anciens maires ou greffiers pour récupérer des actes appartenant à la communauté.

Une période d'organisation suivie des archives commence avec l'installation, le 1er juillet 1720, de Gérard Mellier comme maire. Celui-ci entend, en premier lieu, faire confirmer par le roi les privilèges de la communauté, ce qui nécessite une connaissance parfaite de ses titres et donc un classement rigoureux. L'exécution d'un inventaire "exact et raisonné" est confié à M.Triberge, garde des archives de la Chambre des Comptes de Bretagne. Dix-huit mois de travail lui sont nécessaires dans une organisation rigoureuse : les pièces qui lui sont délivrées sont précédemment mentionnées sur un récépissé, contrôlé et signé par le greffier, et il doit travailler uniquement dans la salle des archives. Toutefois, les plus de 20 000 pièces sont inventoriées sans qu'il soit possible "d'observer l'ordre chronologique ni mettre les matières de même nature ensemble" et empilées dans 53 sacs. Mellier maintient ensuite une politique continue de contrôle et d'amélioration de la conservation des archives. Des arrêtés sont pris pour y déposer les documents importants, qui sont conservés dans des armoires fermées par trois clefs détenues par le maire, le procureur syndic et le greffier. Tout prêt est enregistré par le greffier, qui conserve la responsabilité des archives, et l'inventaire est remis à jour régulièrement.