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Des combles de l'hôtel de ville à la construction d'un bâtiment (1871-1900)

Stéphane La Nicollière-Teijeiro, 29 ans au service des archives et de la publication de l'inventaire des archives anciennes

Son remplaçant, Stéphane de La Nicollière-Teijeiro, prend ses fonctions le 10 juillet 1871. Il reçoit la responsabilité d'un service consistant en un bureau et trois salles d'archives sous les combles du bâtiment central de la mairie sur le jardin. Une de ses tâches principales sera, pour répondre à la circulaire ministérielle du 25 août 1857 qui impose le classement par séries méthodiques, de reprendre le classement de son prédécesseur. Il débute ainsi en 1872, l'inventaire des archives antérieures à 1789, qui se poursuivra jusqu'en 1948. Il s'attache pour cela à compléter les séries anciennes, en faisant rentrer, en 1878, la collection des registres paroissiaux conservés depuis la Révolution au service de l'état civil, en effectuant des copies ou en tentant d'acquérir les pièces intéressantes pour pallier les lacunes. Le premier tome de l'Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790, qui en comprend quatre, paraît en 1888, le deuxième en 1899. Les deux autres tomes, dont la table générale alphabétique, seront l'oeuvre de son successeur, René Blanchard, le tome 3 ayant à peine été commencé, et paraîtront en 1919 et 1948.

Inventaire sommaire des Archives communales antérieures à 1790. Tome premier, séries AA à DD. 1888 (II197)

Inventaire sommaire des Archives communales antérieures à 1790. Tome premier, séries AA à DD. 1888 (II197)

La Nicollière consacre également du temps aux archives modernes. À son initiative, le maire prescrit, par arrêté du 24 octobre 1874, le versement des dossiers et cartons des services de la période 1849-1860. En 1878, le trop-plein des bureaux conduit à étendre les versements aux documents de l'année 1870. L'inadaptation du dépôt devient alors encore plus évidente. La saturation est atteinte en 1881 et l'engorgement des locaux compromet la solidité des planchers. La Nicollière, soutenu par les inspecteurs des Archives, sollicite avec insistance dans ses rapports annuels un local vaste et indépendant, un dépôt d'archives plus digne de ce nom que celui décrit par Paul Eudel dans Figures nantaises : "le médiocre édifice d'architecture qui sert d'hôtel de ville à Nantes se termine du côté des jardins par une sorte de tour au sommet de laquelle on a installé les Archives municipales. Pour y accéder, une porte s'ouvre à gauche au fond de la galerie sur la cour d'honneur. Il faut alors gravir un escalier à vis, passer devant des chambres de débarras qui laissent s'engouffrer par leurs fenêtres mal jointes, un vent de tous les diables, et, tout en haut, après une véritable ascension, atteindre enfin le cabinet de l'archiviste".

Plan des Archives municipales de l'Hôtel de ville (1Fi3059)

Plan des Archives municipales de l'Hôtel de ville (1Fi3059)

Malgré la décision de construction d'un bâtiment spécial, prise par la municipalité Normand, et le projet qui en fut dressé, rappelés par la Nicollière dans son rapport annuel de 1888 adressé au nouveau maire Guibourd de Luzinais, cet édifice ne voit le jour qu'en 1900. Il ne reste de cette décision non datée qu'un plan, dressé le 13 octobre 1887, d'un projet de bâtiment, le long de la rue Garde-Dieu.

La décision effective de construction de l'édifice destiné aux archives est finalement prise en 1898. Il s'agit alors du quatrième projet soumis au conseil. Le premier, approuvé le 1er avril 1895, consiste en un bâtiment réservé aux archives, à l'angle des rues Garde Dieu et Saint-Léonard, d'une surface de 400 m² pour un devis de 50 250, 30 F. Les deux projets suivants, en 1897, approuvés le 3 février et rejetés le 4 octobre, en font un bâtiment annexe à l'hôtel de ville que les archives partagent avec des services qui encombrent l'immeuble de la rue du Moulin, justice de paix, tribunal de simple police, conseil de prud'hommes..., auquel s'ajoute un fourneau municipal alimentaire au sous-sol. Le risque d'incendie que fait courir cet établissement aux archives est évidemment dénoncé, mais c'est finalement l'acquisition récente de l'hôtel Chéguillaume, rue de Briord, qui fait abandonner ces projets coûteux.

La municipalité en revient donc, le 25 février 1898, au projet d'un bâtiment spécifique aux archives, sur l'emplacement des restes de l'église Saint-Léonard, à l'angle des rues Garde-Dieu et Saint-Léonard. Il est composé, au sous-sol, du logement du concierge avec entrée de service sur la rue Garde-Dieu, au rez-de-chaussée, d'un vestibule avec entrée principale sur le jardin de l'hôtel de ville, du cabinet de l'archiviste et de trois salles de dépôt et, aux deux étages, d'autres salles de dépôt, pour une surface totale de 500 m², plus 100 m² de combles pour un coût évalué à 80 000 F.