Recto-Verso - Les premiers tramways, une fierté nantaise
Octobre 2024
Pour présenter la ville de Nantes lors de l’Exposition universelle tenue à Paris en 1878, la municipalité fait réaliser un ensemble de 17 atlas largement illustrés, sur des thématiques multiples. L’ambition est de montrer la modernité et le dynamisme de Nantes, avec par exemple les récents travaux qui l’ont transformé : percements de nouvelles voies, aménagement de promenades, installation des réseaux (égouts, gaz).
Tout ce qui fait la fierté de la ville dans ce dernier quart du 19e siècle a donc sa place au sein de ces volumes. Quatre pages sont ainsi dédiées à la présentation du futur tramway automobile nantais. La mise en circulation de la nouvelle motrice à air comprimé, présentée dans l'atlas par une photographie et un relevé technique détaillé, n’a en effet pas encore eu lieu. Les édiles nantais sont plutôt confiants et le ton est assez dithyrambique : « Si l’exploitation par ce nouveau moteur réussit comme nous le croyons, la ville de Nantes ajoutera à l’honneur d’avoir été le berceau des omnibus, celui d’avoir inauguré pour celui des tramways un système nouveau qui réalisera un progrès industriel d’une grande importance. »
Un wagon de tramway de la Société générale des moteurs à air comprimé en 1878 (40Fi5)
L’article de l'atlas est l’occasion de revenir sur la première fierté nantaise en matière d’innovation pour les transports publics : la création à Nantes en 1826 par Stanislas Baudry d’une compagnie de voitures publiques. La première ligne d’omnibus longe les quais de Loire, et en 1827 une deuxième ligne est ouverte sur l’axe nord-sud de la ville sur la ligne des ponts. Fort de ce succès, Stanislas Baudry exporte ce mode de transport dans plusieurs villes de France : Bordeaux, Lyon, Marseille, Paris.
Mais les usages et techniques évoluent. En 1875, après avoir été régulièrement approchée par des compagnies de transports qui souhaitent établir des tramways à Nantes, la municipalité décide d’ouvrir une enquête sur le sujet. Il n’est cependant pas encore question de laisser les chevaux aux écuries : en effet, à cette date, il s’agit de faire circuler sur des rails des voitures hippomobiles. C’est le « chemin de fer américain » !
En 1876, quatre compagnies répondent au cahier des charges publié par la Ville pour le service d’une ligne de tramways. C’est la Société des moteurs à air comprimé qui est retenue. Celle-ci propose un procédé innovant qui fonctionne avec un moteur à air comprimé : c'est le système Mékarski, du nom de son concepteur, l'ingénieur Louis Mékarski. Alors que seule la traction hippomobile était initialement envisagée, l'innovation technique de Mékarski retient l'attention de la Ville. Les avantages sont énumérés lors du conseil municipal du 30 octobre 1876 : « 1° Que ces voitures n’émettent ni fumées, ni vapeur, ni flammèches ; qu’elles n’offrent, par conséquent, aucun danger au point de vue des chevaux montés ou attelés qu’elles rencontrent. 2° Qu’elles sont supérieures aux voitures traînées par des chevaux, parce qu’elles rendent les arrêts plus faciles et plus sûrs, parce qu’elles permettent la marche en arrière et enfin parce qu’elles ont une moindre longueur ».
Pour répondre au cahier des charges de la ville de Nantes, Louis Mékarski fonde en novembre 1876 la Compagnie des Tramways de Nantes et obtient la concession d’exploitation de 40 années. L’inauguration de la première ligne de tramways à air comprimé a lieu le 12 février 1879. Le réseau se développe rapidement et les décrets concédant de nouvelles lignes se succèdent dans les années 1880-1890.
En 1913, les transports en commun se modernisent et les motrices à air comprimé sont petit à petit remplacées par les voitures jaunes du tramway électrifié.
Pour consulter l'article Recto-Verso des Archives de Rennes sur les premiers tramways, c'est ici !