Document du mois - Se baigner dans l'Erdre au 20e siècle
Considérée par François Ier comme la plus belle rivière de France, l’Erdre, facilement accessible et peu dangereuse, est naturellement propice à la baignade. Plusieurs établissements de nage sont ainsi installés sur ses rives au cours du 20e siècle. Mais, fortement polluée, la rivière est finalement interdite à la nage pour des raisons d’hygiène.
Des lieux de baignade aménagés jusqu’en 1949
Au 20e siècle, plusieurs lieux de baignade sont aménagés sur les berges de l’Erdre et le long du canal Saint-Félix, en plein centre-ville. Des établissements de baignade prennent place quai Malakoff, pont de la Tortière, ou encore pont de la Motte-Rouge. Lignes de bouées, plongeoirs et cabines les équipent, et des maîtres-nageurs surveillent la baignade depuis des barques.
Des sociétés sportives possèdent également leur propre bassin de natation dans l’Erdre. C’est le cas du Neptune Club Nantais, qui dispose d’abord d’un bassin d’entraînement en amont du pont Morand. Suite aux travaux de comblement de l’Erdre dans les années 1930, le Neptune Club Nantais se déplace quai Ferdinand-Favre, dans le canal Saint-Félix. Il y aménage un plongeoir, un ponton et des couloirs de nage. Sur la rive opposée, une « plage ensoleillée » et un bassin de natation sont accessibles aux Nantais.
Le bassin du Neptune Club Nantais dans le canal Saint-Félix (5M45)
La fin de la nage en eau libre, un enjeu de santé publique
Pourtant, la propreté des eaux de l’Erdre pose question. Dès le début du 19e siècle, les autorités signalent la pollution de la rivière du fait de contaminations industrielles et urbaines. Dans les années 1930, son insalubrité pousse d’ailleurs l’État et la Municipalité à entreprendre des travaux de détournement et de comblement. À cette époque, bien qu’autorisés, les bains en Erdre sont signalés comme désastreux pour l’hygiène. En 1943, le Service de l’hygiène de la Ville publie ainsi l’enquête bactériologique menée au bassin du Neptune Club Nantais : « Il résulte de ces analyses que l’eau de l’Erdre et du bassin de natation sont souillées. Le nombre de colibacilles dépasse 1000 au litre […]. Du point de vue de l’hygiène, il serait désirable de déplacer le bassin de natation et de le transférer en Loire à plusieurs centaines de mètres en amont du déversoir de l’Erdre ».
Ce souci d’hygiène finit par s’imposer, et le 6 mai 1949 un arrêté préfectoral interdit les établissements de baignade en Erdre et dans le canal Saint-Félix. De nombreux Nantais continuent toutefois d’utiliser les anciennes infrastructures pour plonger dans la rivière. La Ville décide donc, le 19 août 1949, d’interdire complètement la baignade dans l’Erdre, en aval du pont de la Jonelière, mais également dans les bras de la Loire et dans l’ensemble des cours d’eau qui traversent la commune. Il ne reste alors aux Nantais que deux options pour nager en ville, le bassin municipal de La Roche et la piscine du patronage Saint-Maurice.
Depuis, la nage dans l'Erdre est uniquement autorisée en quelques rares occasions, à l'exemple d'une compétition organisée en mai 1983 dont les Archives de Nantes conservent une vingtaine de photographies (20Fi479 à 20Fi505).
Pour en savoir plus
Rendez-vous sur Nantes Patrimonia pour découvrir l'histoire de la natation dans un autre cours d'eau emblématique de Nantes, la Loire.
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