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Document du mois – La piscine de la Roche, un état sanitaire alarmant en 1950

Les premiers jours de juillet 1946, une chape de chaleur s’abat sur la France. Ce même été, la première piscine municipale ouvre à Nantes. Il s’agit du bassin de nage de la Roche, situé dans le quartier Malakoff.

Un bassin de natation dans une usine de traitement des eaux !

Cette piscine est aménagée dans l’usine des eaux de la Roche, en partie détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Sur l’idée de M. Galup, directeur du Service des Eaux, les anciens bassins de floculation* sont transformés pour accueillir un bassin de natation. C’était la volonté de la Ville d’ouvrir aux Nantais, dès l’été 1946, « un bassin convenable et à la portée de tous », pour « un prix de revient minimum ». Sa gestion est confiée aux services des Bains-Douches municipaux.

Les travaux sont réalisés rapidement. En quelques mois, le bassin, long de 47 m, large de 27 m et d’une profondeur à plan incliné allant de 50 cm à 3 m 50, est prêt. Dès le 13 juillet 1946, les Nantais peuvent se baigner dans cette piscine d’été à ciel ouvert. Le prix d’entrée est modeste : 5 francs pour les enfants, 10 francs pour les adultes. Un maître-nageur est présent en permanence. Des sociétés sportives s’y entraînent également, à l’instar des membres du Neptune-Club Nantais.

À son inauguration, la presse est laudative : une piscine qui présente « toutes garanties de salubrité » (L’Avenir de l’Ouest), remplie d’une « eau pure, javellisée et désinfectée selon les méthodes les plus modernes » (La Résistance de l’Ouest).

Les aléas de la gestion d’une piscine municipale

Le 5 juillet 1950, le directeur du Service des Eaux transmet à l’administration municipale les conclusions d’un rapport du régisseur de la piscine, M. Bourgues. Celui-ci dresse un état alarmant de la situation sanitaire de la piscine de la Roche.

En voici un extrait : « La couleur de l’eau change d’ailleurs rapidement, et en fin de semaine on ne voit plus le fond du bassin, souvent même dans la région où la couche d’eau ne dépasse pas 70 cm. La cause en est que les nageurs en sortant de l’eau vont se rouler dans le sable qui entoure le bassin, se croyant sans doute sur une plage. Or, ici il n’y a pas de marée et le sable n’est jamais lavé ; il est mélangé de poussière et pollué, en outre, par les fumées de locomotives passant à proximité (surtout depuis la chauffe au mazout). Tout couverts de ces dépôts, les nageurs se remettent à l’eau et la salissent rapidement ; or, l’eau trouble que le soleil ne pénètre pas est le bouillon de culture idéal pour les microbes ». Les dirigeants du Neptune-Club Nantais ont d’ailleurs signalé les maux d’oreilles fréquents que leurs membres y contracteraient.

Nous vous laissons découvrir d’autres remarques « croustillantes » de ce courrier dans sa numérisation ci-dessus. Estomacs fragiles s’abstenir !

En 1950, le manque d’investissement accordé par la Municipalité à la piscine de la Roche peut s’expliquer par la construction en cours d’un nouveau bassin de nage sur l’ancienne île Gloriette. Celui-ci est achevé l’été suivant, et les Nantais peuvent désormais nager dans une piscine moderne de plein air, avec vue sur le pont Transbordeur.

Le bassin de la Roche n’est pas pour autant fermé, il reste ouvert à la baignade. En 1977, il est rénové et une piscine de modèle « caneton » est installée à la place de l’ancien bassin. Partiellement détruite lors d’un incendie criminel en 1998, elle finit par être démolie. Malakoff se dotera d’une nouvelle piscine quelques décennies plus tard, avec l’ouverture de celle de la Petite Amazonie en 2007.

*Floculation : procédé d'épuration consistant à rassembler en flocons les impuretés en suspension dans un liquide

Pour en savoir plus

Découvrez le fonds photographique des Archives de Nantes sur la piscine de la Roche. De sa construction aux jeunes nageurs en train d’y apprendre la brasse, c’est l’histoire de ce bassin qui s’y révèle en images. Direction le catalogue en ligne !

Vous êtes curieux de l’histoire de l’usine des eaux de la Roche ? Rendez-vous sur Nantes Patrimonia.

En cette année olympique, les Archives de Nantes vous présentent « Sports à Nantes », une exposition hors-les-murs sur l’histoire des équipements sportifs de la Ville. À partir du 5 juillet, elle sera installée à proximité du miroir d’eau. Bonne découverte !