Coup de coeur - Photographies animées : la démolition de la centrale électrique de Cheviré
Le 11 juillet 1992, Régis Routier, le photographe du service communication de la Ville de Nantes, installe son matériel devant la centrale désaffectée de Cheviré. Il déclenche l’obturateur une première fois (17Fi12103), puis une deuxième (17Fi12104), la mise au point est faite. Les prises de vues se succèdent ensuite en rafale, jusqu’à donner l’illusion du mouvement (17Fi12105 à 12122).
33 ans plus tard, cette série de clichés surprend l’archiviste en train d’indexer ce fonds. Le voilà saisi d’une bien curieuse impression, celle d’assister à la scène en direct, de voir la centrale électrique s’effondrer à mesure qu’il fait défiler les photographies sur son ordinateur.
Fichier GIF créé par les Archives de Nantes à partir des images 17Fi12103 à 12122. Photographe : Régis Routier.
Ces images, prises pour la communication de la Ville, ont en effet été versées aux Archives de Nantes. Elles font partie de la série 17Fi, actuellement en cours de numérisation et d’indexation (plus de 12 583 notices sont déjà consultables sur notre catalogue en ligne). Cette série se présente sous forme de séquences de diapositives qui retracent des événements du quotidien de la ville des années 1980 à 2000. Ces photographies ont été numérisées comme elles sont conservées, dans l’ordre (plus ou moins chronologique) des pochettes insérées dans les classeurs d’archivage.
Le travail d’indexation se fait également en « série », à la pochette. Devant la multitude de clichés présents (plus de 80 000 estimés), la description iconographique ne peut s’attacher au détail, à l’élément mais, au contraire, doit pouvoir synthétiser le thème abordé dans son ensemble. Dans cette optique, les images sont consultées dans l’ordre de la numérisation, les clichés s’enchaînent et c’est l’indexation qui vient séquencer un moment, une scène de la vie nantaise. C’est de cette manière de procéder qu’est née l’idée du GIF pour évoquer la destruction de la centrale électrique de Cheviré.
Avec cette image animée, nous assistons à la démolition par implosion de ce qui fût l’une des plus grandes centrales thermiques construite en France après-guerre. Symbole d’une période de croissance de production et de consommation, la centrale, très polluante et gourmande en énergie fossile, ne résiste pas aux chocs pétroliers.
Ce qui est donné à voir ici est multiple. C’est d’abord un événement impressionnant de la vie d’une cité, presque un spectacle, mais c’est aussi la fermeture d’une entreprise qui a employé jusqu’à 400 personnes pendant plus de 30 ans. C’est également la fin d’une période, le passage à un nouveau modèle de société : le plein-emploi, qui a porté la consommation de masse des Trente Glorieuses, disparaît définitivement.
Émeric, agent aux Archives de Nantes
