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Juin 1944

3 juin 1944

Tramways de nouveau arrêtés.
Monsieur Sablé obtient du Feldkommandant l’autorisation de disposer de deux autocars pour conduire à Nort-sur-Erdre, où aura lieu demain la première des kermesses organisées au profit des sinistrés, les personnes qui doivent monter et tenir les stands (il n’avait pas été possible d’obtenir un train spécial de la SNCF). La Propaganda-Staffel a manifesté son intention de tenir un stand de librairie.

4 juin 1944

Au moment où la kermesse de Nort battait son plein et où un gros succès s’affirmait, une rafle a été opérée par une milice et la Feldgendarmerie. Tous les papiers d’identité des hommes ont été vérifiés. Vingt-trois hommes non en règle ont été emmenés. Le lundi 5 juin, on apprend que sept ont été gardés.

Affiche annonçant une grande kermesse au profit des sinistrés le 4 juin 1944 (6Fi9752)

Affiche annonçant une grande kermesse au profit des sinistrés le 4 juin 1944 (6Fi9752)

5 juin 1944

Réunion de la Direction à l’Information, où l’on examine les conséquences de l’incident de la kermesse. Les chefs de la Délégation à l’Information sont venus voir tantôt Monsieur le Maire pour savoir s’il était exact que des Français avaient participé à la rafle, ce que Monsieur le Maire a confirmé sans citer de nom.
Les représentants du Ministère de l’Information considèrent que l’incident est grave et qu’il est difficile de le laisser passer sans protester d’une manière quelconque.
C’est aussi le sentiment de la municipalité, qui examine l’éventualité d’une démission collective.

6 juin 1944

Monsieur le Maire décide qu’il va voir le lieutenant Menny (Propaganda) et peut-être le Feldkommandant, et que la Délégation se réunira ensuite pour prendre une décision. On prépare un communiqué à la presse annonçant que les kermesses projetées sont annulées.
A 11h30, Monsieur le Maire, Monsieur Pastol et Monsieur Sablé se rendent chez le lieutenant Menny.
Ce matin, vers 10 heures, le bruit court que la radio de Londres vient d’annoncer que les troupes anglo-américaines ont débarqué sur les côtes nord de la France.
Le lieutenant Menny déclare à Monsieur le Maire que ce sont les Français qui ont pris l’initiative de la rafle de la kermesse. Il doit revoir le projet de communiqué et soumettra un texte à Monsieur le Maire.
La Hafenkommandantur a projeté de faire sauter l’immeuble de la Douane, quai de la Fosse, dont l’écroulement éventuel aurait pour effet d’obstruer l’entrée du tunnel de la SNCF (monument historique classé). Monsieur le Maire est intervenu. Le lieutenant Steinberg, Standortkommandant, répond tantôt qu’il n’a pu obtenir du Hafenkommandant l’annulation de cette décision.
17h50. Nous recevons l’affiche portant appel du Maréchal Pétain au peuple Français à l’occasion du débarquement des troupes anglo-américaines qui a eu lieu ce matin, de 6h à 8h, sur les côtes de Normandie. Cette affiche a, parait-il, été remis à la Préfecture par la Kommandantur.
18h. Réunion spéciale de la Délégation qui décide d’envoyer à Monsieur le Préfet un procès-verbal de ses délibérations concernant cette affaire. (Dans l’après-midi, le lieutenant Menny avait fait savoir qu’en raison des événements, il demandait à Monsieur le Maire un sursis de quelques jours pour examiner le projet de communiqué à la presse préparé par la municipalité.)

 Appel au peuple fançais de Philippe Pétain suite aux combats qui opposent les armées allemandes et anglo-saxonnes sur le territoire national, en juin 1944 (6Fi4003)

Appel au peuple fançais de Philippe Pétain suite aux combats qui opposent les armées allemandes et anglo-saxonnes sur le territoire national, en juin 1944 (6Fi4003)

7 juin 1944

De 19h05 à 21h25, bombardement des environs de la gare, des ponts sur la Loire.
A 22h30, on annonce 30 morts environ.

Le pont de la Madeleine en partie détruit, cliché pris le 16 août 1944 (22Fi345)

Le pont de la Madeleine en partie détruit, cliché pris le 16 août 1944 (22Fi345)

8 juin 1944

A 8h30 environ, bombardement d’un quart d’heure (quartier des Ponts).

12 juin 1944

A 3h du matin, bombardement du quartier de Doulon, voies ferrées au sortir de la gare d’Orléans, Pont de la Vendée, Saint Sébastien et Vertou - la Haye Fouassière (voie ferrée).
Réunion à la Préfecture des maires des chefs-lieux des cantons des arrondissements de Nantes et d’Ancenis.
L’administration militaire allemande donne connaissance d’un ordre du Feldkommandant de planter dans les prés et champs d’une superficie d’au moins 100m x 100m des piquets de 4,50m qu’on enfonce dans le sol de 1,50m en les espaçant de 100m et en évitant de les aligner.
Le but est de faire obstacle à l’atterrissage des planeurs anglo-américains.

15 juin 1944

7h45-8h30. Bombardement de divers quartiers. Immeubles détruits place de la Préfecture, rue du Roi Albert, quai Brancas, quai Malakoff.
Bourse atteinte.
Cathédrale atteinte. Curé de Saint Pierre tué.
Une vingtaine de morts.
Dans l’après-midi, les Allemands, dans le but d’économiser l’essence, prescrivent aux pompiers d’abandonner la lutte contre l’incendie du quartier Malakoff qui devient ensuite un gigantesque brasier.
Reçu circulaire préfectorale prescrivant :
1° institution d’une permanence dans tous les services les jours non ouvrables,
2° la suspension de tous les congés.

30 juin 1944

Monsieur Sauvage, Inspecteur des Cimetières, est avisé par Madame Dazy, interprète, que les autorités allemandes demandent à la Municipalité de se charger de l’inhumation de « vingt-sept francs-tireurs condamnés par le tribunal de guerre allemande ». Les cercueils contenant les corps sont déposés à la Bouvardière, route de Vannes.
D’accord avec Monsieur le Maire, il est convenu de procéder à cette inhumation au cimetière de la Chauvinière dans une tranchée nettement distincte des tombes des victimes des bombardements.
Je recommande à Monsieur Sauvage de prendre note soigneusement de tous les détails de l’opération et de tous les renseignements qu’il sera possible de réunir en vue de permettre ultérieurement l’identification des corps.
Il s’agit manifestement des vingt-sept jeunes gens faits prisonniers dans un camp du « maquis », près de Saffré, et dont l’exécution a été publiée ce matin dans la presse.