Du déménagement dans les anciens locaux du Centre communal d'action social à la saturation rapide des magasins (1982-2003)
C'est sa successeur Christine Nougaret qui, pour son premier poste à la sortie de l’École des Chartes, a la charge de procéder au relogement des archives. Un premier programme avait été lancé, en 1980, dans le cadre de la construction de la médiathèque, quai de la Fosse. S'il permet de rapprocher deux pôles culturels et prévoit d'assurer les meilleures conditions de conservation aux archives anciennes, il comporte l'inconvénient d'obliger l'éclatement du service en deux sites éloignés l'un de l'autre, impliquant l'installation d'un autre dépôt pour les archives contemporaines, proche des services de la mairie.
Ce projet est abandonné par la nouvelle municipalité élue en mars 1983, lui substituant la solution du relogement de l'ensemble du dépôt dans les locaux libérés par le Centre communal d'action social, à l'angle des rues Garde Dieu et d'Enfer. Ces immeubles avaient été acquis par la ville, en 1908, pour ceux situés 8 rue Garde Dieu et 1 rue d'Enfer, et en 1909, pour celui occupé à l'époque par l'hôtel du Cheval Noir au 6 rue Garde Dieu, pour y transférer les services de la police et de l'octroi installés dans l'hôtel de ville. Ils furent ensuite cédés, en 1955, au Bureau d'aide social, pour 4 236 000 F, qui la même année reconstruisit l'immeuble sinistré faisant l'angle et aménagea celui existant rue d'Enfer, les dépenses des travaux étant couvertes par un emprunt et par l'indemnité représentative des dommages de guerre.
Les travaux de restructuration de l'ancien C.C.A.S. commencent en mai 1984 et comprennent l'aménagement, au rez-de-chaussée, d'un hall d'accueil, d'une salle de lecture, d'un bureau, d'une salle de tri et de deux magasins, l'un de 155 m² équipé en rayonnages mobiles et l'autre de 116 m² ; au premier étage, de cinq bureaux et de deux magasins de 70 et 36 m² ; au deuxième étage, d'un magasin de 73 m² et de combles de 79 m², pour un coût total de 510 308 F dont 345 159 F pour l'installation des rayonnages.
Le service emménage dans ce nouveau dépôt du 9 janvier au 6 février 1985. Il est inauguré officiellement en présence du maire, Michel Chauty, le 12 avril 1985.
Inauguration du bâtiment des Archives municipales, rue d'Enfer, le 12 avril 1985. De gauche à droite : Michel Chauty, maire de Nantes ; Jean-Pierre Le Ridant, adjoint au maire ; Christine Nougaret, directrice du service des Archives ; Loïc Sparfel, adjoint au maire (26Fi871)
Les 3 000 mètres linéaires (ml) équipés sont alors occupés par 1 688 m d'archives. À cette date le personnel du service est constitué de sept personnes, le conservateur, une sous-archiviste, deux agents principaux, un commis, un surveillant et une sténodactylo. Ce nouvel équipement va permettre aux Archives municipales de mieux remplir ses trois missions, la collecte des documents, leur traitement et conservation, et leur mise en valeur sous la direction de Christine Nougaret jusqu’à son départ en septembre 1991 pour la Direction des Archives de France.
Lui succéderont Annie Denizart, de juillet 1992 à son départ en avril 2000 pour les Archives départementales de l’Hérault, et Véronique Guitton, depuis novembre 2000.
Jusqu’en 1996, durant les onze années écoulées depuis l'aménagement du nouveau bâtiment, il entre aux Archives en moyenne 200 mètres linéaires par an de nouveaux documents par versements des services municipaux. Le tri et le classement, notamment des archives modernes, de 1789 à 1940, sont facilités matériellement.
Mais le manque de personnel qualifié, seulement un conservateur et une assistante qualifiée de conservation du patrimoine, ancienne sous-archiviste, jusqu'en mars 1993, date de recrutement d'un deuxième assistant, ne permet pas de résorber rapidement le retard accumulé dans le traitement de ces archives, dont la plupart n'ont pu être répertoriées que succinctement jusqu'alors et dont une partie encore conséquente reste dans les services. Les archives centenaires de l'ancien bureau de l'hygiène n'ont ainsi été versées qu'en 1993, sauvegardées de la destruction imminente de la station des Chambelles dans lesquelles elles étaient entreposées.
Toutefois, la mise à disposition du public et la mise en valeur du patrimoine documentaire nantais s'améliore grâce à la publication d'un guide des Archives en 1991, d'inventaires et de catalogues de fonds d'archives (registres paroissiaux et d'état civil, cartes et plans des archives anciennes, cadastre et contributions, affiches administratives, affiches du théâtre, fonds de la commune annexée de Doulon), par l'édition de cartes postales et de posters à partir du fonds photographique original constitué dans l'entre deux-guerres sur plaques de verre, la réédition à l'identique du plan de la ville par Cacault de 1757, ou par la création d’un cédérom interactif autour des rapports illustrés des instituteurs pendant la Première Guerre mondiale.
L’accès aux documents est facilité par la constitution d’une base de données regroupant l’ensemble des descriptifs des documents d’archives ainsi que les sources complémentaires constituées par les ouvrages de la bibliothèque et des articles de la presse quotidienne et de périodiques. Cette base de données, réalisée avec le logiciel Avenio, est en constante accroissement et regroupe déjà une grande partie des versements contemporains, plusieurs séries modernes (1 M bâtiments municipaux, 1 O voirie et permis de construire… et des fonds entrés par voie extraordinaire - commune annexée de Doulon, fonds des architectes Coutan et Digo…).
La numérisation des plans des XVIIe et XVIIIe et d’une partie des plans des XIXe et XXe siècles améliore également la consultation et la préservation de ces documents, souvent de grand format, en permettant leur visualisation sur écran en salle de lecture sur un poste spécifique.
Enfin, le premier site internet des Archives, ouvert en 2003, donne accès à distance à de nombreuses informations sur le service et sur les fonds d’archives, notamment leurs inventaires.
Les Archives municipales affirment également leur rôle culturel, notamment auprès d'un public plus large que celui les fréquentant habituellement, par l'organisation d'expositions liées à la commémoration d'évènements (centenaire de l'électricité à Nantes en 1991, bombardements de septembre 1943 en 1993, rénovation du groupe scolaire Longchamp en 1996), ou mettant en valeur le patrimoine de la ville (exposition de documents originaux des quatre villes du réseau des grandes villes de l'Ouest, "Trésor d'archives", en 1995-1996). D'abord organisées dans le hall du dépôt, celui-ci ne comportant pas de salle d'exposition, elles sont depuis 1993 installées dans des lieux extérieurs.
D'autre part, la création d'un service éducatif en 1989, animé par un professeur d'histoire et géographie et un agent du service, a permis l'organisation d'expositions et la publication de dossiers pédagogiques sur l'histoire de la ville. L'accueil de demi-classes (19 élèves maximum) est rendu possible depuis l’attribution aux Archives, en 2001, d’un local dans un bâtiment annexe, précédemment occupé par la bibliothèque de quartier.
La création d’un poste d’animatrice-médiatrice auprès des quartiers, en 1999, dans le cadre des emplois jeune, a permis de toucher de nouveaux publics. Plusieurs groupes d’habitants et associations de quartier, bénéficient ainsi d’une aide à la recherche aux Archives pour la constitution de l’histoire de leurs quartiers et d’une collaboration pour la diffusion du résultat de leurs recherches par la publication de brochure (ex : « Sans mémoire, pas d’avenir : de Chézine à Malville ») ou par le montage d’exposition (ex : « Vieux Malakoff : un quartier, des mémoires : du 11 au 22 septembre au Lieu unique »). Des collectes de témoignages et de documents ont également été mis en place dans ce cadre.
Par contre, la collecte des archives contemporaines de la ville est quasiment interrompue pendant 10 ans. En effet, malgré l' aménagement récent du bâtiment, le principal problème du service des Archives municipales reste la saturation de ses magasins. Sur les 2866 mètres linéaires équipés (soit 2554 m.l. d’étagères et 10 meubles à plans contenant au total 120 tiroirs) il n'était disponible, à la fin 2001, que 207 mètres.
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