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Document du mois - Au temps où le square Daviais s'appelait le jardin de la Petite-Hollande

Dans les années 1930, les comblements de la Loire bouleversent la physionomie de Nantes. De nouveaux espaces sont gagnés sur les bras du fleuve, et des projets de réaménagement du centre-ville voient le jour. C’est dans ce contexte qu’est aménagé le jardin de la Petite-Hollande, à la place de l’ancien marché couvert démoli en 1930. Cette photographie (123Z999) montre le jardin peu de temps après son inauguration, le 22 septembre 1935.

Un jardin « en creux », ouvert sur la ville

Dessiné par l’architecte de la Ville, Étienne Coutan, le conseil municipal en adopte le plan général en novembre 1933. En forme de demi-lune, le jardin de la Petite-Hollande épouse l’arrondi de la pointe occidentale de l’île Feydeau dont les bras de Loire qui la bordaient viennent tout juste d’être comblés.

Ce jardin a la particularité d’être situé à 1,5 m en contrebas de la chaussée. Étienne Coutan voulait en effet que les promeneurs circulant sur son pourtour puissent le contempler en surplomb. Cette pente et les haies qui la bordent font donc office de clôture. L’architecte a dû toutefois concéder, après d’âpres négociations, la pose d’une clôture de ganivelles le temps que ces arbustes se développent suffisamment. 

Le jardin de la Petite-Hollande dans les années 1930 (123Z999)

Le jardin de la Petite-Hollande dans les années 1930 (123Z999)

Son accès se fait donc par plusieurs escaliers réalisés en blocs de granit et disposés sur les trois côtés rectilignes du jardin. Des allées en pente sont également aménagées pour la descente des « voitures d’enfants ». Côté rue Kervégan, entre les deux volées de marche, se trouve la loge du gardien. Sur cette photographie, on devine d’ailleurs la présence d’un lavabo au fond de ce réduit.

À l’arrière de ces escaliers, à l’extérieur du jardin, un étal de marchand s’est installé. Étienne Coutan, en sa qualité de responsable du service de l’esthétique, ne manque pas de s’emporter contre cette verrue à proximité de son jardin aux lignes si travaillées ! Il en exige le retrait immédiat par l’autorité municipale…

Un lieu de jeux pour les enfants du quartier

Situé en plein cœur de ville, le jardin de la Petite-Hollande se veut un lieu accueillant. Sur cette photographie, la végétation est encore modeste. Le rideau de platanes est destiné à assurer aux promeneurs ombre et fraîcheur, tout en les protégeant du vent venu de la Loire. Des arbustes taillés en bosquets dessinent les contours des étendues de gazon agrémentées de fleurs.

Au centre du jardin, une pièce d’eau circulaire avec son jet d’eau est un véritable terrain de jeux pour les enfants du quartier qui viennent y faire flotter leurs bateaux. De petits bacs à sable ronds, qui ne faisaient pas partie du projet initial, ainsi que plusieurs bancs, ont été ajoutés à la demande d’Étienne Coutan, juste avant l’ouverture du jardin. Peu de temps après son inauguration, il est d’ailleurs décidé que son accès soit uniquement réservé aux enfants et à leurs accompagnants.

Le 17 mai 1946, le jardin de la Petite-Hollande prend le nom de square Jean-Baptiste Daviais. Avec cette nouvelle dénomination, la Ville souhaite rendre hommage à ce résistant nantais et rezéen, fondateur de la Fédération des amicales laïques de la Loire-Atlantique, mort en déportation à Dachau début janvier 1945. L’espace vert dessiné par Coutan devient ainsi un lieu de mémoire de la Seconde Guerre mondiale.

Pour en savoir plus

L'histoire de ce jardin d'enfants a piqué votre curiosité ? Vous souhaitez en apprendre plus sur la place de l'enfant dans l'espace public à Nantes ? Consultez notre exposition en ligne, Enfance et jeunesse nantaises.

Dans le cadre des 80 ans de la mort de Jean-Baptiste Daviais, les Archives de Nantes s'associent aux temps commémoratifs avec la présentation d'une exposition hors-les-murs et la publication d'une fiche Histoire-Mémoires.