Document du mois - Les plans de la manufacture de parapluies rue de Strasbourg
Il s’agit de quatre plans - cyanotypes ou « bleus d’architecte » - réalisés par l’architecte G. Guibert et datés du 30 décembre 1922. Ces pièces accompagnent l’arrêté du permis de construire délivré par la Ville de Nantes le 23 janvier 1923. L’ensemble est conservé aux Archives de Nantes sous la cote 1 O 3394.
Le bâtiment, destiné à accueillir une manufacture de parapluies, est projeté rue de Strasbourg sur un terrain appartenant à Jean Ferradou. L’entreprise Ducos & Fils est chargée de la construction, c’est elle qui s’occupe d’en demander le permis. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer le tampon de la société, apposé sur ces plans avec la date du 10 janvier 1923.
Plan de façade et coupe de la manufacture de parapluies (1O3394)
La façade principale présente un dessin régulier. Elle se compose de 9 travées ouvertes par de larges fenêtres et protégées par des grilles métalliques. Le motif de quadrillage apporté par ces grilles se poursuit avec le tracé des joints des pierres en éventail au-dessus des fenêtres du 2e étage. Des tables rectangulaires soulignent les allèges des fenêtres des étages.
Un grand fronton soutenu par deux pilastres monumentaux souligne les trois travées centrales du bâtiment, il présente à tous l’inscription en grandes lettres de la fonction du bâtiment et le nom de son propriétaire : « manufacture de parapluies, Ferradou ».
Les plans des trois niveaux et les coupes du bâtiment nous présentent les espaces intérieurs et leur organisation. Le bâtiment doit s’intégrer dans un parcellaire ancien, les étages ne sont donc pas des rectangles réguliers comme la façade pourrait laisser deviner. Le côté nord du bâtiment est en effet plus étroit que le côté sud. La hauteur des trois niveaux est quasiment identique : 3,60 m pour le rez-de-chaussée et 3,30 m pour les deux étages.
Plan du rez-de-chausée de la manufacture de parapluies (1O3394)
Deux accès sont aménagés au rez-de-chaussée : à l’extrémité droite du bâtiment, « le garage » avec une large porte cochère, et sur l’avant-dernière travée à gauche une porte donne accès à l’intérieur du bâtiment, avec à droite de ce passage d’entrée la loge de la conciergerie.
Plan du premier étage de la manufacture de parapluies. (1O3394)
Plan du deuxième étage de la manufacture de parapluies (1O3394)
Les niveaux sont largement ouverts, la structure d’ensemble étant portée par des piliers, sans cloison intérieure supplémentaire à l’exception de deux bureaux au 1er étage et de vestiaires et sanitaires au rez-de-chaussée et 1er étage. La coupe transversale présente la largeur des espaces délimités par ces piliers : 4,05 m sur la rue et 5 m pour l’espace central. Le fond de la parcelle étant irrégulier, l’indication « variable » est notée sur la coupe.
Trois escaliers sont prévus. Le premier, accessible après la loge de la conciergerie, mène au 1er étage et aux bureaux. Le deuxième, situé au fond du rez-de-chaussée, distribue les deux niveaux de la manufacture et enfin le troisième mène à une galerie située au 1er étage, qui délimite un vide central dessiné sur les plans des 1er et 2e étage. On peut aisément déduire que le premier escalier devait être réservé au directeur et à ses collaborateurs, secrétaires… le deuxième étant celui des employés qui avaient au préalable laissé leurs affaires personnelles aux vestiaires voisins.
Plan des égouts de la manufacture de parapluies (1O3394)
Le dossier d’urbanisme de ce bâtiment comporte également les plans des égouts qui ont été dressés après la délivrance du permis de construire : la date du 4 avril 1923 est en effet indiquée par l’architecte sur le document. Nous pouvons ainsi découvrir la présence de deux travées de caves voûtées en sous-bassement du bâtiment… ! La rue de Strasbourg étant une voie dont le percement a été réalisé lors des grands travaux urbains du 19e siècle, ces éléments - situés en retrait de voirie - sont vraisemblablement des vestiges anciens d’un bâtiment de la période moderne voire médiévale ?
L’édifice fut occupé par la manufacture de monsieur Ferradou jusque dans les années 1930, et les articles réalisés (parapluies, ombrelles, cannes) sont vendus dans le magasin situé rue de la Fosse.
Des photographies conservées aux Archives documentent ce bâtiment à plusieurs moments-clés de son histoire :
- en septembre 1943, il est lourdement touché par les bombardements alliés. Il était alors la propriété des messageries Hachette. La photographie nous montre le vide central des 1er et 2e étages que nous avions décrit à la lecture des plans de Guibert. (28Fi242)
- en 1988, après sa reconstruction qui n’a pas repris le dessin initial dans son intégralité. Le fronton n’a pas été refait et le nombre de travées ne correspond pas au document de 1922. (17Fi448)
- en 2021, lors de sa démolition. A sa place est édifié l’hôtel Okko. (1647W271)
Pour en savoir plus sur les magasins et ateliers de manufactures de parapluies à Nantes, rendez-vous sur NantesPatrimonia.
La sélection de cet ensemble de documents accompagne l’ouverture de l’exposition au musée d’arts "Sous la pluie, peindre, vivre et rêver". D’autres propositions culturelles et pédagogiques seront au programme des Archives de Nantes : un projet d’éducation artistique et culturelle en partenariat avec le musée d’arts, une visite des magasins de conservation avec une sélection de documents sur le thème de la pluie à Nantes….